«Qu’est-ce que tu regardes ?» Je ne détourne pas mon regard, gardant les yeux rivés sur la fenêtre. Je n’ai pas besoin de le regarder de toute façon, je devine son expression, un sourire s’étire sur ses lèvres, il jubile comme toujours, comme chaque fois qu’on change d’endroit et qu’on débarque dans une ville différente. C’est comme une terre nouvelle, même si ici, on n’est pas en terrain inconnu. Je déteste cette ville, je déteste y être et pourtant ça fait à peine quelques heures qu’on est arrivé. «Le vide…» Il éclate de rire tout en posant sa main sur mon épaule avant de venir s’assoir lui aussi face à la fenêtre. «Tu n’es pas content d’être ici Iron ? Je pensais que tu serais heureux de revoir la ville où tu es né.» Je le regarde du coin de l’œil. «Je n’ai aucun souvenir de cette ville.» Je me lève pour aller me prendre un verre. «Oh oh, ne mens pas, tu avais 12 ans quand tu es partie…tu te rappelles…orphelin, sur la route en faisant du pouce…t’étais minable et moi aussi, c’est pour ça qu’on est devenu amis…» Je lui souris, surtout pour le satisfaire parce qu’entre nous, je suis très loin d’être de bonne humeur. «Qu’est-ce qu’on est venu faire ici ?» Il hausse les épaules avant de rigoler à nouveau. «J’ai quelques petits comptes à régler…et je dois avouer que j’ai une fascination pour ce fameux Blacknight, mais allé ne soit pas si lugubre…sort t’amuser tient…va boire un verre, te taper une minette…profite un peu de la vie…tu sais comme moi qu’elle est si fragile…» J’hoche la tête, posant mon verre pour me diriger vers la porte. «Oh et…n’oublie pas ce qui s’est passé la dernière fois que tu as voulu me faire faux bond hum…évitons que le désagrément se reproduise…mon frère.» Et une chance pour lui, je m’en rappelle parfaitement…

▬ C’était il y a deux ans…presque trois pour être plus exacte. J’avais essayé de quitter la ville où nous étions en douce parce que je ne le supportais plus, mais surtout parce je ne me supportais plus. J’espérais avoir la chance de faire ça depuis longtemps parce que même s’il semble en apparence me vouer une amitié sans borne, je n’ai jamais pu lui faire entièrement confiance et pourtant…je traine dans son sillage depuis toujours, baignant dans sa folie qui a fini par déteindre sur moi, mais c’est la sienne, pas la mienne. Ce sont ses travers, ses vices, moi je suis juste terrifié à l’idée de me retrouver seul et il est le seul pour qui j’existe, alors je le suis, c’est devenu facile avec le temps, je crois qu’à force on perd toute forme de sensibilité, on s’éteint. J’ai voulu partir, mais il a dû le comprendre, je ne sais comment, ou alors quelqu’un l’a simplement avertis et je l’ai regretté...

J’ouvre les yeux, une douleur lancinante me traversant et je ressens le soudain besoin de respirer comme si on m’avait privé d’oxygène trop longtemps. Je prends une bouffé d’air en me redressant péniblement. Il fait noir, froid, j’essaie de voir où je suis, mais je ne connais visiblement pas cet endroit. J’essaie de me remettre sur pied, mais avant que je complète le mouvement, je sens une corde s’enrouler autour de ma gorge alors qu’on me tire vers l’arrière, je porte aussitôt mes mains à mon cou, essayant de me libérer pour pouvoir respirer. «Pourquoi tu as fait ça hein ? Hein Iron ? POURQUOI ?! Je croyais qu’on était frère…t’as voulu me laissé…» Il rit, j’essaie d’articuler quelque chose, mais je n’y arrive pas. «Ça fait mal hein…manquer d’air…t’as le feu qui s’allume dans tes poumons, la tête qui tourne…Tu sais ce qu’elles ressentent maintenant…» Il rit, mais finit par relâcher sa prise juste avant que je perde conscience à nouveau. Je tousse, me penchant par en avant, lui ne ratant pas l’occasion pour m’asséner un coup de pied derrière la tête. Je grogne de douleur en essayant de retrouver mes sens. «Je suis désolé Jack…je suis désolé…c’était une erreur, j’aurais pas dû…» Il se penche pour me redresser en m’empoignant par les cheveux. «Tu m’as trahis…tu sais que je déteste les traitres…Je pourrai plus te faire confiance…je serai plus aussi gentil avec toi Iron…» Je le regarde à travers la pénombre le suppliant du regard, il sourit avant de prendre un air déçu. «Ça m’embête de faire ça tu sais…mais ne recommence plus jamais…» Je vais pour dire quelque chose mais une douleur aiguë m’arrache un cri, alors qu’il m’enfonce la lame de son poignard dans le ventre, prenant bien soin d’appuyer dessus pour que je souffre suffisamment, avant de retirer l’arme aussi brusquement…Il m’a laissé comme ça pendant presque une vingtaine de minute, me regardant souffrir avec délectation, puis il a daigné faire venir une jeune femme pour me soigner…j’imagine qu’elle n’a jamais revu la lumière du jour après, je ne sais pas, moi je ne me suis pas réveillé avant le midi le lendemain…couché dans un lit, à l’hôtel comme s’il ne s’était rien passé. ▬

Je cours en direction de la rivière parce que j’entends Jack qui rigole. On est au milieu de nulle part, deux gamins complètement perdus, moi je le suis partout, je suis impressionné par tout ce qu’il sait faire, il connait un tas de chose, il est plus vieux que moi aussi, il a 16 ans, alors du haut de mes 12 ans, il est incroyablement captivant. «Jack, qu’est-ce que tu fais ?» Il se redresse pour me regarder d’un air victorieux. «J’ai attrapé un poisson t’as vu !» Et dans un geste rapide, il fracasse le poisson contre un rocher pour le tuer. Puis il me regarde et fronce les sourcils. «Va en attraper un !» Je regarde en direction de la rivière, pas très assuré, faut dire que j’ai grandie dans une ville, la nature et tout ça, je ne connais pas tellement. J’avise aussitôt le regard sombre qu’il me jette, un drôle de regard, presque effrayant, alors je m’empresse de mettre les pieds dans l’eau tout en cherchant un poisson des yeux. Sauf qu’évidemment il y en a aucun et je continue de sentir son regard pesé sur moi. «T’es vraiment bon à rien…» Qu’il dit d’un ton tranchant avant de me pousser durement dans l’eau et d’éclater de rire. Je ressors bredouille et trempé jusqu’aux os, mais lui est déjà en train de remonter la pente pour reprendre la route. Je m’empresse de le rattraper essayant de suivre son rythme rapide du mieux que je le peux. «Jack !» Et là il se retourne d’un bloc, m’envoyant un grand coup en plein visage avec un morceau de bois qu’il devait avoir ramassé en remontant. Je tombe aussitôt à la renverse surpris et effrayé. Lui, il rigole toujours. «Oh désolé Iron…je croyais que c’était un méchant…» Je me relève tout en passant la manche de ma veste sur mon visage pour essuyer le sang. Il me fixe et j’en fais autant et là il prend un air tout bonnement sérieux. «Iron, toi et moi on va rester ensemble…toujours. On est amis hein ? Tu vas rester avec moi ?» Je ne sais pas trop si j’aime ce gars ou pas, mais je regarde autour de moi et il n’y a personne, je ne veux pas être seul alors j’hoche la tête sans trop savoir ce que j’accepte.

Les années ont passé sans vraiment que je ne le réalise, en fait je crois que je ne réalise plus grand-chose, je suis comme plongé dans un état second, quelque part entre le rêve et la réalité. Je suis Jack, je le sers, je suis témoin de sa folie, de ses horribles travers et si au début, ça me faisait trembler de peur, aujourd’hui je suis capable de sourire en y pensant. Et ce matin-là il a eu une idée de génie comme il le dit si bien. On marchait dans un centre-ville et je trainais devant les étalages de fruits d’une épicerie. Une jeune femme est venue m’aborder, sous le regard captivé de Jack. Elle voulait m’inviter à prendre un verre, gêné évidemment, j’ai décliné l’offre, m’empressant de rejoindre Jack. Il avait un air triomphal de peint sur le visage, c’en était presque inquiétant. Face à moi, il pose ses mains sur mes épaules et me regarde droit dans les yeux. «Iron…tu plais aux femmes…tu pourrais avoir n’importe laquelle ! C’est un talent, un grand talent et j’ai une idée ! On va utiliser ce talent pour jouer !» Je reste perplexe, essayant de comprendre où il veut en venir. «Pour faire quoi ?» Il sourit et me tire à sa suite. «Tu vas séduire de jolies femmes et me les amener ! Ce sera amusant tu verras…»

«Où on va ?» Je la regarde, un sourire aux lèvres en haussant les épaules, l’air le plus innocent du monde. «Dans un endroit où on sera plus tranquille.» Et je l’embrasse doucement en l’incitant à me suivre, même si je sais que Jack a horreur que je touche à ses victimes. Elle le fait, mais s’arrête après quelques pas. «Attend…je te connais pas…qui me dit que tu me feras pas de mal hein ?» Elle sourit aussitôt, sans doute pour alléger le sujet. Je fais mine de réfléchir quelques instants. «Je te connais pas non plus…tu ne vas pas me tuer ?» Elle éclate de rire, je ne sais pas trop pourquoi, mais ça semble la rassurer. «Non je vais pas te tuer…ce serait dommage.» Elle prend aussitôt les devants et je la laisse passer, ne la lâchant pas des yeux, mon sourire s’éclipsant aussitôt. Ce petit jeu abominable je l’ai fait plusieurs fois, trop de fois. Jack les choisie, je lui amène, après il se livre à sa folie et moi je reste là, impassible et parfois il me demande de participer. Je le fais, mais contrairement à lui, je n’en retire qu’un maigre plaisir. Il aime étirer les choses, moi je préfère en finir rapidement, il ne me trouve pas amusant et je suis un peu d’accords. Le problème avec Jack c’est qu’en plus d’être fou, il est salement intelligent et s’il ne s’est toujours pas fait prendre c’est parce qu’il ne laisse aucune trace. Les cadavres il les fait habilement disparaitre, soit par lui-même, soit en payant quelqu’un pour le faire. Il utilise la majorité du temps des faux noms, ne paie qu’en argent cash et ne reste jamais au même endroit deux soirs de suite, dans la même ville oui, mais il bouge, c’est plus sécuritaire comme ça et pour mon plus grand bonheur, il a décidé qu’on devait être vu le moins souvent possible ensemble, ça m’arrange bien…Et cette pauvre fille, je l’ai entrainé avec moi en sachant parfaitement ce qui allait lui arriver. Je l’ai regardé dans les yeux et je lui ai dit de me suivre, c’est horrible oui, c’est inhumain, mais je n’y voyais rien de particulièrement mal, parce que Jack a soigneusement embrouillé ma perception de ce qui est bien et ne l’est pas. Il dit que c’est un droit qu’on possède, celui de tuer les plus faibles parce que c’est comme ça que ça se passe dans la nature. J’ai accepté cette idée sans doute parce que c’était plus facile que de la remettre en question et de toute façon, je buvais inconsciemment chacun des mots qui sortaient de sa bouche. Je ne peux pas vraiment dire que je l’admire, ni que je l’aime vraiment au fond, c’est un être abominable, même envers moi, mais il est tout ce que j’ai au monde, il est ma seule famille, mon seul ami. Et je crois que c’est aussi vrai dans l’inverse, qui il a hormis moi ? Qui accepterait de le suivre comme je le fais ?

Il a raison, je dois sortir, profiter de la vie…Je descends dans les rues de Minneapolis, confronté bien malgré moi à des souvenirs dont je ne veux pas, car bien sûr que je me souviens. La maison de mon oncle et ma tante est deux quartiers plus haut par là-bas, l’école où j’ai été n’est pas très loin non plus et mes parents sont enterrés dans un cimetière tout près. Je me souviens que j’ai fugué parce que j’étais en colère, parce que mes parents m’avaient tous les deux abandonnés et que je me sentais seul au monde, même si ma tante avait toujours été adorable avec moi. Je ne suis jamais revenu, jusqu’à aujourd’hui, mais ça ne signifie plus rien maintenant. Je suis partie j’étais un enfant et je reviens en homme. Depuis le temps, je dois être tombés dans les oubliettes, dans les affaires non conclues, mais bouclées, avec les autres enfants disparus qu’on ne retrouvera jamais car ils sont probablement morts et enterrés quelque part. Je regarde les rues, les édifices, certains on changés, d’autres sont toujours pareils…ça me fait bizarre, j’ai l’impression d’atterrir dans une vie parallèle…Je ne me souviens plus très bien qui était le petit István Iron Iakov, mais il n’était certainement pas ce que je suis aujourd’hui. J’ai la soudaine envie d’aller voir au cimetière, vérifier s’il n’y a pas une tombe à mon nom, on ne sait jamais, je sais qu’après un certain temps, les gens disparus sont déclarés morts tout simplement. J’y suis allé, mais aucune pierre à mon effigie, plutôt une à celui de mon oncle…Il était mort apparemment, mais aucune trace de ma tante, sans doute qu’elle vit encore ici dans leur maison. Je m’assois devant la tombe de mon père et de ma mère, fixant les gravures jusqu’à ce que mon esprit s’autorise à laisser des souvenirs bien enfouit refaire surface…

▬ …Je reviens de l’école à la hâte parce que je n’aime pas l’école tout simplement, mais surtout parce que mon père m’a promis que je pourrais l’aider à réparer la voiture après le repas. Je déboule à toute vitesse dans la cours, remarquant l’absence de notre véhicule, mais comme celui de mon oncle et ma tante est garé dans l’allée je n’y porte pas trop attention, me disant simplement qu’elle devait être déjà dans le garage. Je pousse la porte, lâchant mon sac dans l’entrée. «Papa ?» Je m’avance dans la pièce, voyant aussitôt mon oncle Andreï qui se lève du canapé, imité par ma tante. Ils me jettent un air grave que je n’arrive pas à déchiffrer, je regarde plutôt vers la cuisine. «Où est maman ?» Ils se regardent, avant que mon oncle vienne me tirer par les épaules pour m’obliger à m’assoir. «Il faut qu’on parle István…» Je le dévisage avant de regarder Olga qui éclate en sanglot. «Il y a eu un accident István…ton papa et ta maman…sont partie…ils sont mort.» Je ne bronche pas, mes yeux écarquillés solidement vrillés dans les siens. J’attends qu’il me dise que ce n’est pas vrai, que quelqu’un me cri que c’est un mensonge, mais devant son silence, les larmes finissent par rouler sur mes joues. Et je réalise qu’avant ça, je n’avais jamais connu la douleur, rien ne me semblait pouvoir égaler la détresse que je ressentais à ce moment-là. J’ai fini par bouger, secouant frénétiquement la tête, ma vue se brouillant par les larmes qui se faisaient plus nombreuse. Je regarde mon oncle. «Papa a dit qu’on allait réparer la voiture…Il va rentrer bientôt…» Il secoue la tête. «Non mon petit…ton papa rentrera pas…il est mort István.» Et sans vraiment le réaliser, je bondis sur mes pieds, le poussant aussi fort qu’un gamin de 10 ans peut pousser un adulte et je fonce tout droit vers la porte, eux se lançant à ma suite pour m’arrêter. Je m’arrête au bout de la cours et fixe la rue, avant de me mettre à crier. «PAPA REVIENS ! MAMAN ! » Et j’ai crié, crié, jusqu’à ce que mon oncle arrive à me tirer à l’intérieur…▬

..Je ne sais pas trop combien de temps je suis resté planté là, mais un vieil homme a fini par venir se poser à côté de moi. «De la famille ?» Je le regarde avant d’hausser les épaules. «Éloignée…» Il hoche la tête et pointe la tombe de mon père. «Je connaissais cet homme, Iouri, c’était un chic type, russe jusqu’au bout des doigts, mais un homme droit, il est mort beaucoup trop tôt, sa charmante femme aussi.» J’observe le vieillard, étrangement captivé par ce qu’il raconte. «Ils avaient un petit garçon…il aurait probablement environ ton âge s’il était encore là…» Je fixe de nouveau les pierres gravées, lisant les dates dessus. «Qu’est-ce qu’il lui est arrivé…au garçon ?» Il réfléchit avant de secouer la tête. «Il est disparu…la police ne l’a jamais retrouvé…mais avec toutes les horreurs qu’on entend…j’imagine que…une triste histoire, c’était un gamin adorable…blond…de grands yeux verts, intelligent, toujours le sourire aux lèvres…» Je sais qu’il parle de moi, mais j’ai l’impression que ce n’est pas le cas, je n’ai pas de souvenir du petit garçon souriant que j’ai pu être, je me rappelle juste de ma profonde tristesse suite à la mort de mes parents et même ça, ça me semble aujourd’hui bien flou…j’ai oublié ce qu’était ressentir, je ne ressens plus rien maintenant, ni peine, ni amour, ni remords, je me suis fermé à tout ça simplement parce que ça faisait trop mal de vivre avec et pour suivre Jack il vaut mieux ne pas être trop sensible. Je remercie le vieillard et fini par me lever, lui ne me lâche pas des yeux, me faisant un salut de la main en guise d’au revoir. «Je vous souhaite de trouver la paix que vous cherchez jeune homme…» Je le dévisage quelques secondes, ne comprenant pas trop pourquoi il me dit ça, puis je tourne les talons, soudainement pressé de quitter cet endroit.

Ça fait déjà plusieurs semaines qu’on traine dans cette fichue ville et Jack n’a pas l’air pressé de partir, je ne sais pas exactement ce qu’il mijote, mais j’ai l’impression que l’étau se resserre sur nous et j’aurais vraiment envie qu’on se tire de là. Cette ville est encore traumatisé par le passage de leur dernier tueur en série et son possible retour, ce n’est pas la place pour venir passer du bon temps, surtout pas quand on est un psychopathe en quête de gloire comme mon complice. J’ai bien tenté de le dire à Jack, en évitant le psychopathe bien évidemment, mais il ne veut rien entendre, il fait une obsession sur cette ville et sur cette femme qui semble nous pister. Ça n’a pas échappé à mon attention et de toute façon, je ne sais pas si elle le sait, mais elle n’est pas le genre de femme qui doit passer facilement inaperçu. J’ai commencé à la guetter moi aussi, suffisamment pour réaliser qu’elle était toujours quelque part, pas très loin d’où j’étais. Pour Jack ce n’était pas un problème, fidèle à ses habitudes, il se contente de se terrer, ne faisant que des sorties très discrètes de temps à autres. C’est toujours moi qui me retrouve en ligne de mire et qui doit surveiller mes arrières. Et ça n’aurait sans doute pas vraiment causé de problème s’il n’avait pas décidé qu’il voulait en faire sa prochaine proie. C’est une idée complètement folle et stupide, mais encore là il refuse de m’écouter. Je me retrouve donc à devoir tenter de lui livrer une pseudo flic tout en sachant très bien que cette lubie risque de signer notre arrêt de mort à tous les deux, car si on se fait choper, c'est la table d‘injection qui nous attend...


Je sais que je lui ai dit que j’allais lui emmener cette flic et qu’il attend que ça, mais pour être honnête, il a raison, je manque un peu de volonté et là où je devrais faire des efforts, j’agis totalement à l’inverse. Certes je me débrouille pour la retrouver, mais à chaque fois je repars les mains vides sans avoir fait un réel effort. Sauf que voilà, je n’y peux rien, elle me tombe royalement sur les nerfs, la séduire est totalement exclue et elle n’est pas assez bête pour que je la capture tout simplement. J’ai beau être imaginatif pour trouver des solutions, là je ne sais pas quoi faire pour me sortir de ça. Je sais que Jack ne lâchera pas l’affaire, ça semble certain maintenant. J’ai plus qu’à me démerder apparemment et jusqu’à maintenant je ne me démerde pas très bien. Je dois aller la retrouver une fois de plus, mais je décide de changer de plan. Je peux bien remettre ça à plus tard, je pivote sur moi-même pour changer de rue. Je tourne le coin d’un bâtiment, m’arrêtant sèchement pour éviter d’entrer en collision avec une jeune femme blonde. Je la regarde, un sourire s’étire sur ses lèvres. Elle a l’air fier d’elle, elle a l’air d’être à deux doigts de dire quelque chose. Pas envie de l’entendre. Je fais volteface pour repartir dans la direction d’où je viens. «Hey ! Où tu vas comme ça ? T’as aucune manière han…j’ai connu un chien qui était plus poli que toi !» Je roule les yeux, mais je continue à avancer, bien déterminer à l’ignorer, celle que je suis justement censé attraper. Évidemment elle n’allait pas lâcher prise aussi facilement. Deux secondes et quart et la voilà déjà planté devant moi, posant sa main sur mon torse pour m’empêcher d’avancer. Je la fixe, avisant son sourire amusé alors qu’elle prend bien le temps de laisser ses doigts glisser sur moi avant de retirer sa main. «Je vais quelque part où tu ne seras pas…» Elle croise les bras devant elle, visiblement pas satisfaite de la réponse. «Bon bien, tu me fuis maintenant ? Après tout ce temps à me suivre à la trace ?» J’arque un sourcil, croisant les bras à mon tour pour la défier du regard. «Je crois que c’est plutôt toi qui me traque...alors dis-moi ce que tu veux cette fois et fiche moi la paix.» Elle secoue la tête l’air exaspéré pendant que moi je la contourne pour reprendre mon avancée. Par contre pas moyen de s’en débarrasser, cette femme est plus collante qu’une mouche. «J’ai eu une idée…comme visiblement ton ami en a rien à foutre de toi…je me suis dit que tu accepterais peut-être de me dire où il est si je te trouve un nouvel ami…un ami plus gentil tu vois, avec qui tu pourras parler et faire des trucs normaux…un psychologue par exemple…mais je dis ça comme ça hein, si ça te plait pas…» Je n’ai même pas besoin de me retourner pour deviner le sourire qui doit être étampé sur ses lèvres. Évidemment qu’elle se fiche de ma gueule…quelle emmerdeuse ! Je me retourne, lui souriant à mon tour. «J’ai une meilleure idée…et si tu allais te faire foutre ?» Elle sourit, j’en fais autant et à chaque fois, j’ai l’impression que ça me rend la tâche un peu plus difficile…