« Dashawn, c'est un très bon devoir, vous avez cerné chacune des pensées de l'auteur,  très bon style, synthétique, frappant, remarquable travail, comme d'habitude. »Je reçois ma copie fièrement alors que sur celle ci s'affiche un beau 18/20, vu les remarques du prof, c'est à se demander pourquoi j'ai pas eu 20. Mr. Lancaster est le seul prof du lycée qui note sur vingt, quand tous les autres se cassent pas le cul et sortent tout simplement des A B C etc. C'est pas plus mal car cela me permet de bien montrer ma supériorité. Le même jour, il nous donne également nos bulletins et carnets scolaires que nous nous devons de faire signer à nos parents. Quel galère. Je suis l'aîné d'une famille très modeste à Minneapolis. Mon père est boulanger et dirige une boulangerie-café dans le district Northeast, ma mère au foyer, j'ai une soeur plus jeune mais cela s'arrête là. Mon père n'a jamais été une flèche à l'école et ma mère sait à peine lire l'anglais, comme d'habitude cela va être une galère pour faire signer mon bulletin. J'aime mes parents, je les ai toujours trouvés très braves et décents, ils font partie des good ones, de ceux qui triment toute la journée pour gagner une misère pitance mais ne se plaignent pas. Qui continuent à trimer en espérant qu'un jour, ça ira mieux, espoir vain. Je leur ai jamais posés réellement de problèmes, je m'occupais de ma soeur et de ses devoirs, j'ai toujours été brillant à l'école, je les aidais au fourneau, je rentrais la plupart du temps pour le dîner, j'avais jamais fini au poste, bref la vie se passait tranquillement pour moi et mes parents. Je sors donc de la classe sac en main avec un sourire assez content lorsque Blake l'interpelle. « He la troncheeee tu fais quoi après les cours ? J'fais un petit apéro' chez moi avec d'la beuh et de l'alcool en tout genre, tu devrais passer.  »« J'pense pas, mon père est un peu malade en ce moment, faut que j'laide pour le pain de demain.  »« Arf c'est bon tes vieux peuvent bien te foutre la paix, mec t'as eu 18 en Anglais, fais pas ta tapette, Alice sera là en plus viens.  » J'échappe un sourire au coin avant de finalement dire que je resterais probablement une heure. Alice, c'est une fille que je fréquente souvent, j'la connaît depuis maintenant le collège et on a toujours été de bons amis, j'lai toujours protégée car sa famille est loin d'être aussi paisible que la mienne, ses parents traînent dans des trucs un peu louches et ces derniers temps elle se drogue pas mal. Y'a pas longtemps, j'ai finalement tenté de faire bouger les choses et je l'ai embrassé, elle m'a pas baffe ni rien, mais les choses sont pas vraiment encore éclaircies. Je suis donc Blake après les cours et on va chez lui pour se défoncer et boire. J'ai dit que je resterais une heure, cependant après quelques verres et différents joints, je crois pas pouvoir être réellement apte à me décoller de mon siège. Mes parents vont m'en vouloir, mais en même temps, à force d'en avoir jamais rien à foutre de moi à part quand ils ont besoin de moi pour les aider dans leur entreprise, voici ce qu'ils récoltent. Un moment je me lève pour aller aux toilettes, un joint à la main alors qu'une fois sorti, quelqu'un me tire par la cravate de mon uniforme pour m'entraîner dans une chambre. Je ne vois pas qui c'est jusqu'à ce que ses lèvres se posent sur les miennes. « Alice arrêtes, quelqu'un pourrait nous.. » encore un autre baiser. Ses mains se passent alors en dessous de ma chemise avant de descendre vers mon pantalon. « Je t'aime Seth, tu crois vraiment que je peux en avoir quelque chose à foutre qu'on nous surprennent ? » Je sourit alors que son visage rieur mais probablement défoncé me regarde avant de me donner un baiser fougueux. Je la retourne sur le lit, avant de me lever, fermer la porte à clé, enlever mon t-shirt, et la faire totalement mienne pour ce soir. « Moi aussi je t'aime Alice, mais vu ce que tu vas connaître ce soir, j'préfère que ça reste entre nous.. » Bien évidemment, le lendemain, lorsque je me réveillais à ces côtés, elle ne se rappelait même pas de ce qui s'était passé la veille et de ce qu'elle avait pu me dire, mais qu'importe, c'était Alice, et j'étais amoureux d'elle.



« Alice, j'ai été accepté à Yale.  » Je suis arrivé chez elle par la petite porte arrière dans la tombée de la nuit, le doyen m'avait appelé il y a quelques heures et j'avais bu quelques coups avec mes parents pour fêter ça, mon père ayant même acheté une bonne bouteille de champagne pour l'occasion. C'était mon rêve, et j'ai réussi. J'voulais tant, ça faisait deux ans que je m'acharnais pour atteindre Yale et donc espérer une vie meilleure pour moi et mes parents, pour sortir de ce milieu, pour montrer que même défavorisé, tout est une question de volonté, et j'ai putain de ré-u-ssi. Je débarque donc chez elle le grand sourire aux lèvres alors qu'elle, elle est loin d'avoir le même sourire irradiant que moi. « Mais… tu m'en avais jamais parlé. »« J'sais bien, j'men excuse, mais j'pensais jamais être accepté, j'voulais pas en parler à tout le monde et qu'après cela se révèle négatif, j'aurais été d'autant plus déçu.. »« Ah parce que moi je suis "tout le monde" ? Non mais t'as pensé une seule seconde à moi quand t'as décidé de postuler et que t'as été accepté ? Tu t'es demandé comment on allait faire pour la relation, à ce que sache, Yale c'est loin d'être à Minneapolis.  »« Mais tu sais… c'est pas très loin, quelques heures de train de train à peine j'ai regardé, et puis merde, tu devrais être content pour moi. »« Mais bien sûr que j'suis contente pour toi, j'le serais encore plus si tu m'en avais parlé avant et qu'on se serait organisés, si t'avais pas été aussi égoïste en fin de compte.  » Je serre la mâchoire alors que j'ai soudainement envie de pleurer. A part mes parents et ma soeur, Alice est la seule personne qui compte le plus à mes yeux et qu'elle me traite d'égoïste alors que je viens de parfaire le rêve de quelques milliers d'étudiants et qui est aussi le mien accessoirement, ça me touche en plein coeur. J'encaisse alors que je prends un air grave avant de la serrer dans mes bras. « Tu sais bien que je t'aime Alice, y'a rien qui pourra changer ça, ni même quelques centaines de kilomètres, ça va aller, j'serais toujours là pour toi t'inquiètes pas, mais sinon viens avec moi, qu'est qui te retient ici ?  » Elle me dit qu'elle va y réfléchir, mais le lendemain, elle apprends qu'elle a été accepté dans une école de gestion locale assez réputée, et elle sait très bien tout comme je le sais d'ailleurs qu'elle ne pourra être accepté nulle part près de Yale qui se trouve à new Haven et les alentours. Relation à longue distance ce sera alors, mais tant pis, je suis fou d'elle et advienne que pourra, on va se battre. Du côté de mes parents, ils sont ravis que j'ai pu obtenir une bourse et le racontent a tout le patelin, que leur petit poulain a été accepté à Yale, j'suis content qu'ils aient enfin quelque chose pour frimer auprès du quartier parfois si méprisant et dédaigneux. J'commence à regarder les résidences étudiantes, faire mes affaires durant l'été et profiter du temps qu'il me reste avec Alice. Et puis vers milieu août, tout bascula. « Seth, j'ai quelque chose à te dire. Je sais pas ce qui s'est passé, je prends pourtant la pilule mais.. j'suis enceinte depuis plusieurs mois maintenant, quand j'avais plus mes règles, j'ai cru que j'avais du retard, et puis j'ai oublié avec l'été et toi, mais y'a pas longtemps j'ai eu des nausées et j'ai décidé de faire un test… positif.   » J'suis tombé dans les pommes ce matin-là. Lorsque je me suis réveillé, j'avais Alice d'un côté, de l'autre mes parents. J'ai dit que j'avais besoin de quelques jours pour me reposer et réfléchir à "tout ça". « Seth, tu dois aller à Yale, c'est ton rêve, Alice pourra bien se débrouiller toute seule, je l'aiderais moi avec l'enfant, Yale, c'est une opportunité comme t'en auras jamais d'autres dans ta vie.  »« J'sais bien papa, mais quand maman est tombée enceinte, tu l'as pas laissée dans sa merde, t'es restée avec elle, car tu l'aimais, et qu'aucune école ne pouvait valoir cela.   » J'étais naïf à l'époque, j'étais amoureux d'elle, j'pensais que c'était un accident, alors, en dépit des conseils de mes parents, j'ai abandonné Yale, j'suis restée auprès d'elle, j'ai décidé d'aller dans une école de commerce réputée qui faisait partie de mes autres options, j'me suis résignée et j'ai préparé Alice à accueillir notre futur bambin. Mon plus grand regret, indubitablement. Surtout quand j'ai appris bien des années après lorsque je revis une ancienne amie à elle qu'elle me révélait pleine de tristesse et de remords qu'Alice était tombée enceinte perpétuellement pour ne pas que je l'abandonne, car elle me savait bien trop attachée à elle, et qu'elle ne voulait pas se retrouver seule. Même encore aujourd'hui, quand je vois tous ces étudiants pleins d'espoirs comme je l'étais à l'époque, j'ai envie d'en pleurer tant j'ai été con et trop généreux, trop attentionné, trop bon ce jour ou j'ai appelé le doyen pour finalement désister, et que j'ai entendu sa voix quelques peu déçu qui acceptait ma décision platement. Alice s'est cependant dépéri avec le temps, on s'engueulait tout le temps, elle se droguait de plus en plus, au point même de travailler la dedans pour arrondir ses fins de mois. La sentence a fini par tomber : elle a perdu l'enfant lors d'une fausse couche, et quand bien même sa grossesse aurait été à terme, jamais cet enfant n'aurait été sain. Mon altruisme, ma générosité et sens des valeurs m'avait donc conduit à ma perte. Elle oscillait par la suite sans cesse entre arrestations, cures et redescentes dans la drogues, elle a fini par tuer un flic un peu trop curieux et s'est fait coffré pour de bon. Désormais, elle a été transféré j'sais pas ou, vers la Floride il me semble ou près de la frontière mexicaine ou elle travaille plus ou moins dans des maquilladoras. C'est la seule chose sur laquelle j'ai été ferme : je ne voulais plus entendre parler d'elle. Elle avait détruit mon avenir, elle avait détruit ma vie, je lui vouais une haine et rancoeur immuable.

Je venais à peine d'arriver à L.A., nouvelle ville dans lequel je voulais tout recommencer à zéro, que j'avais déjà un sentiment de malaise et de rage incroyable. Ma ville me manquait comme on manque d'eau dans le Sahara, et voir toutes ces gueules friquées partout me donnait envie de vomir et de casser des gueules. Durant mon retour, j'avais fumé de plus en plus, prenant à peine le temps de me laver ou de bouffer, fumer me suffisait amplement. J'étais devenu accroc et j'étais accessoirement devenu un vrai déchet. J'étais sans maison, sans job et sans aucune tunes. En fouillant ma caravane je retrouvais un biller de 50 dollars, et je me disais que c'était symbolique, ce dernier billet, de la dernière grosse mine que j'allais me mettre avant de reprendre ma vie en main. Je suis donc allé dans South Central, ou les pubs urbains sont sympathiques et pas prises de têtes, et qui plus est cheap, et là j'ai assisté à une drôle de scène après avoir bu quelques verres. Oui, car j'ai oublié d'omettre que j'étais allé à l'hôpital dans l'aprem' après avoir atterri au mauvais endroit au mauvais moment et m'être fait cassé la gueule, la routine quoi. J'ai été soigné par une espèce de connasse, fille de bourge tout ce que vous voulez et étant donné que j'ai pas vraiment d'assurance maladie, je me suis barré après mes soins pour pas avoir à payer. Et il s'avère que cette fille de bourge se trouve alors juste devant moi. Elle vient me faire chier évidemment, car elle a rien de mieux à foutre de sa petite vie ou elle peut écraser n'importe qui, je l'envoie chier, et elle cherche à tout prix à me prouver qu'elle à l'air bien moins "coincée" qu'elle en a l'air. Un peu ivre, je lui demande de faire un truc débile, choper le boxer du mec la bas et cette connasse y arrive quand même. Je dois bien avouer que cela m'amuse et que je me dis qu'elle est pas si nulle que ça, mais ça change rien au fait qu'elle reste une fille à papa totalement sotte et naïve. « Et si on mettait un jeu en place, tu sembles en redemander non ? » « Un jeu ? Pourquoi j'accepterais de jouer avec toi ? ». Il commande un verre avant de s'approcher un peu plus de moi. « Parce que je suis sûr que t'es du genre à pas aimer perdre, cap ou pas cap tu connais ? »  Je sais jamais réellement pourquoi j'ai proposé cela, c'était le genre de truc que je faisais avec mes potes quand j'avais dix ans et que je voulais foutre la merde dans la cour de récréation. Je suppose que, d'une nature très joueuse, je voulais simplement lui montrer que je pouvais l'écraser en deux minutes trente, elle qui pensait pouvoir tout t'acheter avec son gros portemonnaie et sa carte bancaire gold master je sais pas quoi. Avec l'alcool, c'était la seule pensée qu'il me venait à l'esprit, l'écraser en miettes pour me redonner un semblant de fierté à mon égo bien trop piétiné ces derniers temps. Et puis merde, elle avait l'air assez déterminée, mais si peu redoutable dans le fond qu'au fond cela me ferait un peu rire et me permettrait de me détendre après le long trajet que j'avais parcouru. Seulement, elle s'est barrée suite à une urgence et m'a donné rendez vous en me traitant de merdeux au même bar demain a la même heure. J'ai fini raide le soir même, et le lendemain, comme un con, je sais pas réellement pourquoi, je suis revenu. Et comme un con je me suis fait avoir.

« Tu veux vraiment jouer à ca Moriarty ? Tu sais très bien que je tiens plus l'alcool que toi, arrêtes, tu vas finir par pleurer. »« Ta gueule Dashawn, c'est toi la lopette, allez cul sec, c'est ma tournée. » J'bois un deux trois quatre six neuf douze shots avant de finir par plus pouvoir les compter. Mia boit quant à elle également sa dose, on est chez moi. Ouais, car je l'appelle Mia, son deuxième prénom que je trouve encore plus sexy tigresse qu'elle peut être. J'suis désormais devenue barman grâce à une amie, je peux boire quelques bons verres et écouter de la bonne musique, c'est bien payé en raison des risques et ca me laisse en général pas mal de temps libre donc bon, je demande pas mieux, en ce qui de l'appart' en revanche… c'est une autre affaire. Surtout que désormais Mia passe le plus clairement de son temps dans mon appartement à se saouler la gueule et faire des conneries avec moi comme ce soir. Alors que je me remet doucement du coup de massue que me file la dizaine de shots que j'ai du m'enfiler dans la gueule, Mia se lève rapidement et commence à mettre le Wii Dance, Just Dance je sais pas quelle merde. Elle est sérieuse? Je la regarde interloqué, mais elle me balance limite la télécommande à la gueule j'ai pas d'autre choix que de me battre avec elle. La garce, elle sait que je danse pas en plus. Elle commence à mettre du vieux Britney Spears pourrie et bizarrement je me tape un trip sur la chanson, étant à mon maximum en articulant parfois les bras et les jambes à deux kilomètres à l'heure, alors qu'à côté elle gigote comme une névrosée dans tous les sens, elle change de chanson pour mettre un espèce de truc genre Usher avec le clip, les paroles les mouvements et tout le bordel. J'finis alors par me rapprocher en dansant à moitié d'elle, avant de me coller à son bassin pour bouger mon bassin contre le sien, ça je préfère.  «  Regarde, j'fais comme Usher le BG, ça te plaît hein ? »  « M'ouais, t'arriverais à peine a dépasser le million de vues sur Youtube.  » Sans réfléchir ma main colle son bassin encore plus contre le sien, alors que ma bouche embrasse sa nuque, tout en continuant de danser. Ah oui, parce qu'on sort ensembles, depuis plusieurs mois déjà, ca été une vraie connasse, elle m'en a fait baver, j'ai fini par changer d'avis sur elle quand j'ai commencé à la connaître, elle et son passé douloureux, et j'en suis tombé désespérément amoureux, au point de supporter tous ses coups de sangs, coups de pûtes qu'elle m'a fait, et être resté jusqu'à ce qu'elle daigne à céder. Et aujourd'hui, tout se passe bien, enfin on s'engueule souvent pour rien, mais c'est finalement devenu plus des taquineries, la preuve. « Peut-être 3 millions » Ma main se glisse alors dans son jean pour caresser son entrejambe. « 5 millions. » qu'elle me susurre cette garce à l'oreille avant que je finisse par la plaquer sur son stupide tapis de danse en l'embrassant fougueusement alors que je déboutonne son jean, une de mes mains passant sous son t-shirt. « 10 millions, même ma grand mère ferait mieux. » Elle me rends folle, mais qu'est que je l'aime.

e rentrais du boulot comme tous les jeudi soirs assez tard, et je vis alors le magnifique spectacle de Mia entrain de se gaver comme une névrosé de glace devant la télévision. Ses yeux semblaient fuyants et son visage fermé, comme la crazy bitch d'antan que j'avais pu connaître. La saluant en m'approchant pour l'embrasser, celle ci tournait sa tête pour me faire signe que mon baiser n'était pas le bienvenu. D'accord. Elle doit être mal lunée, avoir ses règles, péter une vingtième crise pour je ne sais quel petit problème de sa journée aujourd'hui ou crise de jalousie par rapport à n'importe quelle fille que je connaisse, enfin, quelque chose devenu de banal qui se règle en dix minutes. Je commence à lui demander comment s'est passé sa journée, histoire de faire la conversation, celle ci entre deux bouchées de glace dit un truc insignifiant, ses yeux rivés sur la télévision et ses jambes tapant nerveusement sur le sol. Je n'y fait pas attention et commence à me prendre un truc vite fait à manger, avant de m'installer dans le canapé et prendre la glace de Mia pour me servir. Celle ci automatiquement, comme une obèse privé de son besoin vital, m'arrache le pot des mains avant de lui lancer un regard noir. Bon, plan B. Je prends sa glace pour la poser sur la table et me jeter à ses lèvres, caressant son visage comme elle aime qu'on le fasse. Cependant, rapidement elle me jeté du canapé, me traînant par terre avant de reprendre sa glace et d'aller dans une autre pièce. Ok, j'ai épuisé tous mes plans,je commence alors à me lever, agacé, pour suivre Mia et lui dire : « Putain mais c'est quoi ton problème Mia, aulieu de bouffer ta glace comme une maniaco-dépressive, crache le morceau. »« J'suis enceinte connard. » J'ai alors enfin compris ce que c'était que cette sensation ou vous avez l'impression d'être totalement vide dans votre tête, et que vos jambes vous échappe malgré vous. M'asseyant alors sur la chaise la plus proche de lui, mon cerveau ne put s'empêcher de faire la connexion avec Alice. Avec Alice, c'était la première fois que j'avais tenté de faire des efforts, de prendre des responsabilités et que j'avais envisagé d'être père avec Alice que j'aimais à l'époque, elle avait fait une fausse couche et s'était barré, me laissant seul comme un con alors que j'avais tenté d'être sérieux. Je m'étais fait sacrément baiser, étais parti dans une dépression courte mais intense, et depuis les responsabilités, j'en avait rien à foutre. Dans les grossesses non consentis, y'en a toujours un qui finit par se couiller, ou alors le bébé naît et c'est encore plus la misère, le couple se déchire et ils souffrent chacun encore plus, maintenant qu'ils se sentent obligés de rester pour leur bonne conscience et pour le gosse, et c'est encore pire que s'ils s'étaient quittés avant. Sans vraiment réfléchir, je me levait lentement, m'approchant de Mia pour lui dire, d'un ton sincèrement désolé et brisé : « Je sais pas ce que tu comptes faire, mais je veux pas en faire partie. Avant qu'on se déchire, qu'on se monte l'un sur l'autre, qu'on se brise, qu'on s'enlise dans une routine qui va nous bouffer de l'intérieur et qu'on finisse par se détester suite à la potentielle apparition de .. cet être, j'préfère qu'on se quitte maintenant. J'pourrais pas t'expliquer pourquoi c'est comme ça, tu me hais du plus profond de ton être j'en suis sûr et j'peux pas te blâmer pour ça, j'pourrais pas t'expliquer pourquoi je fais ça, mais crois moi ça vaux mieux. J'peux pas rester. » J'embarque alors quelques unes de mes affaires qu'il trouve dans ses affaires, Mia restant statique et muette comme une tombe, de mettre ses affaires dans son sac et de l'embrasser tendrement sur la joue, un baiser que j'aurais voulu faire durer des heures, et de m'en aller, aussi simplement que j'étais arrivé. Et pour la suite, comme par hasard on s'est vus à ce merdeux de gala, on s'est criés dessus, embrassés, encore plus criés dessus, on a couchés ensembles, j'ai tenté de me faire pardonner, elle a voulu aller tâter la bouche d'un autre garçon, ca m'a saoûlé et je l'ai plus revue.  Je sais que c'était de ma faute, mais j'ai tenté de me faire pardonner une fois, dans la façon la plus délicate, sensible et fragile possible, elle a pas voulu, tant pis, j'ai plus rien à lui dire. Il n'en demeure pas vrai qu'elle me manque. Affreusement.



J'étais dans ma caisse, et je ne faisais que continuer de rouler. Rouler sur cette route 66 mythique que j'avais toujours rêve de prendre, je ne savais pas ou j'allais, ce n'était pas à propos de la destination, mais du voyage en lui même. J'avais pas prévenu Kepner, mon pote, de mon départ, ni ma famille dont je n'avais plus beaucoup de nouvelles ces derniers temps, Je n'avais pas envie qu'on me retienne, j'avais besoin de ce voyage, il m'étais comme vital, crucial. J'avais juste besoin de rouler, observer des paysages pour méditer sur mon avenir et comme effacer tous ces durs moments que j'avais passé à Los Angeles durant l'année précédente. J'en avais marre de ma vie, et je voulais juste prendre une année sabbatique pendant quelques mois, m'évader et rêver encore quelques derniers instants. J'étais dans ma caisse, enfin plutôt caravane que j'avais acheté en occasion. J'y avais installé une radio, un lecteur de vyniles, ma plantation de cannabis, un pack de coca-cola, des clopes, quelques fringues et le minimum syndical pour mon hygiène. C'est tout ce dont j'avais besoin. J'ai roulé ainsi pendant quelques jours, m'arrêtant de temps en temps prendre un verre, aller en boîte me lâcher, déjeuner en plein air, j'étais tout le temps défoncé, mais putain que c'était le pied. Et puis j'ai eu le mal du pays. Arrivé dans l'Etat du Minnesota, mon état natal, ma soeur m'a laissé un texto froid pour m'annoncer "maman est morte" tel un Albert Camus en puissance. J'ai soudainement été rattrapé par ma conscience, j'avais été si égoïste de partir ainsi par L.A. en abandonnant ma famille et ma soeur. Je viens d'avoir 26ans, j'ai voyagé pendant un presque un an sur les routes, et cela fait donc bientôt deux ans que je me suis séparé de Jules. J'ai encore un bon diplôme, peut-être pourrais-je trouver un poste de cadre dans le marketing sur Minneapolis.  A peine arrivé cependant, sans tunes, job et appartement une fois de plus, n'osant même pas remontrer mon visage devant le commerce familial de peur qu'on ne me reconnaisse plus ou qu'on me crache au visage, ce qui serait compréhensible, j'me retrouve dans un étau dont j'ai du mal à me sortir, j'commence donc à me tourner suite à une annonce vers le métier de voiturier de temps à autres la journée et barman le soir, en dépit de mes diplômes, la crise veut que sans piston, je ne puisse pas accéder à quoique ce soit, j'ai plus rien à perdre de toute façon. Je gagne des clopinettes par ci par là par chaque journée de boulot que j'fais et j'me démerde pas trop mal, j'conduis des belles voitures, je rencontre parfois avec des belles filles que j'me tape à la fin de la soirée, n'ayant jamais eu énormément d'ambitions - la preuve avec Yale - ça me convient et ça me permet d'avoir une vie correcte, même si c'est encore la galère. C'est en aidant un des amis de mon patron comme coursier de substances illicites que j'ai rencontré Tessa. J'ai parfaitement accompli ma mission un en temps record et discrétion assuré, j'ai même aidé son père à blanchir l'argent récolté étant donné que je m'y connais bien en économie et dans ce genre de procédures, Tessa m'a remarqué, on a discutés, on est sortis, on a couché ensembles, plusieurs fois dans la même journée avant qu'elle me propose de travailler plus ou moins illégalement pour faire quelques courses pour son père et lui blanchir l'argent. Son père était le patron et donc je n'avais pas d'inquiétudes à avoir, c'était réglo dans les paiements et je n'avais aucun problème à long terme à prévoir. J'ai bien entendu accepté, j'ai fait quelques essais, et ça payait plutôt bien pour ce que c'était. J'ai eu parfois quelques dérapages mais ma très bonne course à pied qui date du lycée m'a souvent permis de m'extirper de l'affaire. Je pouvais à présent payer mes factures sans être endetté et parfois en plus acheter quelques trucs perso's, et peut-être enfin affronter ma famille et l'aider à reprendre la pente, remonter à pied le commerce qui semblait probablement dépérissant.